Gambie – Investiture : Barrow insiste, Jammeh résiste

Investiture à Banjul ou à Dakar ? Le président élu, actuellement à Dakar, semble parti pour ne pas céder, si l’on en croit son porte-parole.
JAMES BARMA
Publié le 16/01/2017 à 17:33 | Le Point Afrique


« Le mandat de Jammeh se finira le 19 janvier, et à cette date commencera le mandat du président élu Barrow. (…) Il sera investi et assumera alors sa fonction sans faillir », a affirmé dimanche son porte-parole, Mai Fatty, cité par l’AFP, et présent avec lui dans la capitale sénégalaise. Intimidation ou décision ferme alors que la Cour suprême doit en principe se prononcer, ce lundi, sur les derniers recours déposés la semaine dernière par les avocats de Yahya Jammeh ?

Faut-il le rappeler : Yahya Jammeh demande purement et simplement l’annulation de la cérémonie d’investiture d’Adama Barrow. Pire, le président Jammeh est allé jusqu’à « interdire » à toute personne investie de pouvoir judiciaire de permettre à Adama Barrow de prêter serment ce jeudi. Une attitude qui illustre un raidissement plus fort de sa part, mais aussi certainement l’inquiétude face à un scénario de plus en plus précis du côté de Dakar et de la communauté ouest-africaine qui, à l’occasion du sommet Afrique-France, a manifesté sa solidarité avec le président Barrow. En attendant, le porte-parole s’est refusé à préciser si l’investiture d’Adama Barrow était prévue à Dakar ou bien dans la capitale gambienne Banjul.

Le scénario du drame gambien
La Gambie est plongée dans une grave crise depuis que M. Jammeh a annoncé, le 9 décembre, qu’il ne reconnaissait plus les résultats de l’élection présidentielle du 1er décembre, une semaine après avoir pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire. Yahya Jammeh dirige sans partage depuis 1994 ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest de moins de 2 millions d’habitants, enclavé dans le Sénégal à l’exception de sa façade atlantique. Son mandat expire mercredi prochain. Depuis son revirement, M. Jammeh subit de nombreuses pressions extérieures et apparaît de plus en plus isolé. Il a saisi la justice pour faire annuler les résultats de la présidentielle et se dit donc déterminé à rester président tant qu’elle n’aura pas statué sur ses recours.

La Cedeao se mobilise
Samedi, un mini-sommet sur cette crise gambienne s’est tenu dans Bamako en marge du 27e sommet Afrique-France, réunissant notamment M. Barrow, les dirigeants nigérian Muhammadu Buhari, libérien Ellen Johnson Sirleaf ainsi que l’ex-président ghanéen John Dramani Mahama. Une source de la présidence sénégalaise a confirmé dimanche à l’AFP que M. Barrow se trouvait dans la capitale sénégalaise Dakar à la suite de consultations avec des responsables de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao, 15 pays), en marge de ce sommet de Bamako. Entre-temps, une mission de la Cedeao s’est rendue à deux reprises à Banjul pour convaincre M. Jammeh de céder le pouvoir sans heurts. L’Union africaine (UA) aussi l’a sommé de quitter le pouvoir pacifiquement, le menaçant de « graves conséquences » dans le cas contraire et prévenant qu’elle ne le considérerait plus comme légitime à partir de jeudi.

Du côté du président élu, l’information est que « M. Barrow est à Dakar depuis dimanche » très tôt, a rapporté l’Agence de presse sénégalaise (APS), citant une source officielle. « Le président de la République du Sénégal (Macky Sall) a répondu favorablement à la demande de son homologue du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf », présidente en exercice de la Cedeao, « en marge du sommet France-Afrique », selon l’agence. La présidente Sirleaf, qui avait fait le déplacement à Bamako en compagnie du président élu de la Gambie, « a demandé au chef de l’État sénégalais d’accueillir Adama Barrow jusqu’à son investiture prochaine, ce qu’a accepté Macky Sall « au nom de l’hospitalité sénégalaise » », a ajouté l’APS.

De nombreux départs de Gambiens
Pendant ce temps, note l’AFP, le climat d’incertitude à l’intérieur du pays a récemment poussé des milliers de Gambiens à fuir le pays, en particulier vers le Sénégal, et la Guinée-Bissau, plus au sud. Selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), « les personnes ayant fui au Sénégal ces deux dernières semaines sont principalement des enfants ». Et d’ajouter que « beaucoup de parents craignant des troubles potentiels » ont décidé d’évacuer leurs enfants dans ce pays.

Un recours à la force pas exclu
Par ailleurs, de hauts responsables militaires de la Cedeao venant notamment du Sénégal, du Liberia et du Ghana se sont récemment réunis dans la capitale fédérale nigériane Abuja pour discuter de « l’impasse politique » en Gambie, selon l’état-major nigérian. La Cedeao n’a pas exclu une intervention militaire en dernier recours, même si l’armée nigériane a récemment nié qu’elle préparait ses troupes à intervenir en Gambie.

Au sommet Afrique-France de Bamako, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Marcel Amon Tanoh, a rappelé qu’un recours à la force n’était pas exclu. Vendredi, le représentant de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, avait fait savoir que la Cedeao pourrait demander au Conseil de sécurité de l’ONU le déploiement de troupes en Gambie si M. Jammeh persistait à refuser de quitter le pouvoir

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